Plan d’épargne retraite (PER) individuel : quand et comment débloquer les capitaux ?
September 26, 2025
Il n’est plus utile de rappeler l’avantage fiscal offert par le versement de primes sur un Plan d’épargne retraite (PER) individuel tant ses effets bénéfiques ont été abondamment commentés : les primes versées sont déductibles du revenu imposable, générant une économie immédiate d’impôt sur le revenu égale au montant des versements réalisés multipliés par le taux marginal d’imposition (soit 41% à compter de 83.824 € de revenus pour une personne seule et 45% à compter de 180.294 €).
Mais quand, comment et à quel coût fiscal débloquer les capitaux investis ?
Le principe : une sortie lors du départ à la retraite
Ce plan ayant été conçu comme un « fonds de pension à la Française », il a vocation à être liquidé lors du départ à la retraite(1).
La sortie peut être effectuée en capital en une ou plusieurs fois (en mettant en place des retraits partiels, de la même manière que sur un contrat d’assurance-vie) ou sous forme de rente viagère (réversible sur option).
Les retraits en capital seront imposés en distinguant :
- La part correspondant aux primes investies. Cette fraction du retrait sera soumise à l’impôt sur le revenu comme une pension de retraite. Les revenus perçus à la retraite étant généralement moindres que durant la vie active, il s’ensuivra une économie globale d’impôt sur le revenu liée à la différence de tranche marginale d’imposition entre la retraite et la vie active.
- La part afférente aux gains financiers, qui sera imposée comme un revenu de capitaux mobiliers (flat tax de 30% à ce jour).
Il y a tout intérêt à piloter la gestion des retraits sur plusieurs années afin d’éviter les tranches d’imposition les plus élevées en réalisant un retrait important. Il pourrait ainsi être opportun d’ajuster le montant des retraits en fin d’année en fonction des tranches du barème de l’impôt sur le revenu en vigueur.
Pour sa part, la sortie en rente viagère n’offre pas d’avantage fiscal. Le complément de revenu ainsi perçu sera soumis à l’impôt sur le revenu dans son intégralité (pas de distinction entre les primes versées et le gain financier). Seule une partie de la rente échappera aux prélèvements sociaux au taux de 17,2% selon la réglementation actuelle (en fonction de l’âge du souscripteur au jour de la liquidation).
Exceptions : des sorties anticipées possibles dans le cadre de l’acquisition de l’habitation principale ou pour accidents de la vie
L’acquisition de la résidence principale permet de débloquer tout ou partie des avoirs investis sur le PER individuel. Fiscalement, un tel retrait ne présente aucun avantage car l’intégralité des primes initialement déduites seront imposées comme un salaire en tranche marginale d’imposition. Pire encore, l’effet fiscal pourrait être négatif car un retrait conséquent pourrait engendrer une augmentation de la tranche d’imposition : tel serait le cas si la tranche d’imposition était plus élevée l’année de l’acquisition de la résidence principale que l’année du versement. Investir sur un PER individuel en vue d’acquérir sa résidence principale est donc rarement un bon calcul.
Sort du PER individuel au décès (pour un PER « assurance »(2)).
En cas de décès du titulaire durant la phase d’épargne, les capitaux investis seront transmis aux bénéficiaires désignés. Si le souscripteur décède avant son 70ème anniversaire, il sera fait application d’un abattement de 152.500 € par bénéficiaire, l’excédent étant soumis à un prélèvement de 20% (jusqu’à 700.000 € imposables) puis 31,25% au-delà (3).
En cas de décès après 70 ans, les sommes versées seront soumises aux droits de succession après application de l’abattement de 30.500 €, également applicables aux versements réalisés sur des contrats d’assurance-vie après 70 ans.
Le conjoint survivant demeure cependant exonéré quel que soit le montant transmis.
Par ailleurs, aucune imposition ne sera due tant au titre de l’impôt sur le revenu qu’au titre des prélèvements sociaux.
Conclusion
Après avoir précisé que le déblocage des capitaux n’est pas obligatoire, il serait alors tentant de ne pas débloquer son PER individuel: les sommes transmises auront ainsi été déduites de l’impôt sur le revenu sans jamais être reprises.
Certes, les droits de succession seront dus en cas de décès après 70 ans, mais ils seront souvent inférieurs au montant de l’impôt sur le revenu dû en cas de liquidation.
Il est donc indispensable de prendre le temps de la réflexion avant de liquider tout ou partie des avoirs investis sur un plan d’épargne retraite (PER) individuel, cette enveloppe étant pertinente aussi bien dans une approche de constitution d’un complément de revenus que dans une optique de transmission et de protection du patrimoine familial.
(1) Liquidation au plus tôt à la date d'obtention de votre pension de retraite ou lorsque vous avez atteint l'âge légal de départ à la retraite (entre 62 ans et 64 ans au regard de la législation actuelle). (2) Il existe deux types de PER individuel, le PER dit «compte-titres» qui donne lieu à l’ouverture d’un compte-titres et le PER «assurance» qui donne lieu à l’adhésion à un contrat d’assurance-vie dit PER «assurance». (3) CGI, art. 990 I – texte également applicable aux primes versées sur un contrat d’assurance-vie avant 70 ans..