L’inflation, invitée centrale du scénario 2023
L'évolution de l'inflation
Rédigé par Brigitte Troquier - Economiste
L'inflation a évolué dans sa composition passant d’un déséquilibre d’offre et de demande en sortie de pandémie à un choc plus profond sur la structure de coûts qui ne reviendra probablement pas à la situation initiale.
En effet, la remise en route des circuits de production pouvait laisser entrevoir un tassement de ce déséquilibre au cours de l’année 2022. La diminution des goulots d’étranglement et la normalisation progressive des approvisionnements constituaient des facteurs d’apaisement des tensions sur les prix.
La guerre en Ukraine a profondément modifié ce scénario en contribuant à une envolée des prix énergétiques et des risques de rupture d’approvisionnement. Bien que, récemment, les cours du pétrole et du gaz aient reflué sur des niveaux plus soutenables, mais toujours 3 fois supérieur à ce qu’il était antérieurement à la guerre pour le gaz, cet évènement a mis en exergue la nécessité de modifier de façon accélérée notre modèle énergétique. Ce choc inattendu et coûteux a aussi forcé la porte d’adaptations des modes de production et de consommation.
Le contexte énergétique
La sobriété énergétique, souvent survolée, s’est brutalement imposée comme une nécessité. Elle révèle de vraies poches d’économies plutôt faciles à mettre en place pour les premières d’entre elles. Elle a aussi contraint à la réduction de production dans des activités très énergivores, de la métallurgie à la chimie. Cette solution ne peut pas se prolonger au risque de mettre en péril leur survie. La gestion de cette urgence et ses conséquences en matière de prix ont nourri de nouveaux déséquilibres dans les rapports de force prix salaires. Ils ont été atténués dans un premier temps par les mesures de soutien déployées par les autorités publiques. Face aux difficultés de recrutement persistantes, les hausses de salaire se diffusent progressivement sans toutefois devenir systématiques.
Les prochaines étapes de ces changements vont s’inscrire dans un temps plus long de la transformation plus rapide du modèle de production en faveur d’énergies alternatives et plus décarbonées.
L’inflation et son reflux probable en 2023, tiendra tant aux capacités d’adaptation à ce nouveau contexte énergétique qu’au profil de la demande finale. L’érosion du pouvoir d’achat des ménages et celle des marges des entreprises vont infléchir la dynamique de la demande des prochains mois. Toutefois, les besoins nécessaires pour adapter notre économie à cette nouvelle donne en matière de transition énergétique, constitue un important relais de croissance.
