La réforme des retraites adoptée en 2023 vise à assurer la pérennité du système de retraite français. Cette réforme s’articule autour de plusieurs mesures clés, comme le report de l’âge légal, l’allongement de la durée de cotisation ou encore la suppression progressive de certains régimes spéciaux. Revenons plus en détail sur les changements majeurs adoptés par cette réforme.

Les changements sur les conditions de départ à la retraite

L’âge légal de départ repoussé à 64 ans

L’un des plus grands changements introduits par la réforme des retraites de 2023 est le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite.

Alors qu’il était fixé à 62 ans avant la réforme, il passe désormais à 64 ans (d’ici 2030).

Ce relèvement se fera progressivement à raison de trois mois par génération, et touchera directement les actifs nés à partir du 1er septembre 1961.

Cette mesure vise à assurer la soutenabilité du système en réponse à l’allongement de l’espérance de vie et au déséquilibre démographique lié au vieillissement de la population.

Toutefois, certains dispositifs sont maintenus pour permettre un départ anticipé dans des situations particulières : carrières longues, invalidité ou incapacité liée à des conditions de travail pénibles.

Une durée de cotisation portée à 43 ans

Un autre axe important de la réforme concerne l'allongement de la durée de cotisation pour percevoir une retraite à taux plein.

Désormais, les travailleurs devront cotiser pendant 43 années, soit 172 trimestres, pour pouvoir partir sans subir de décote.

Ce changement devait entrer en vigueur progressivement jusqu'en 2035, mais finalement, il sera pleinement appliqué dès 2027

Impact de la réforme des retraites sur l’âge légal et la durée de cotisation

Année de naissanceÂge légal de départ à la retraiteDurée d'assurance requise après réformeTrimestres supplémentaires après réforme
1er septembre - 31 décembre 196162 ans et 3 mois169 trimestres1
196262 ans et 6 mois169 trimestres1
196362 ans et 9 mois170 trimestres2
196463 ans171 trimestres2
196563 ans et 3 mois172 trimestres3
196663 ans et 6 mois172 trimestres3
196763 ans et 9 mois172 trimestres2
196864 ans172 trimestres2
196964 ans172 trimestres2
197064 ans172 trimestres1
197164 ans172 trimestres1
197264 ans172 trimestres1
197364 ans172 trimestres0

Les changements en cas de départ anticipé

La réforme des retraites prévoit aussi des ajustements pour les départs anticipés, notamment pour les carrières longues et les métiers pénibles.

Désormais, les travailleurs ayant commencé à travailler avant 16, 18, 20 ou 21 ans pourront partir respectivement à 58, 60, 62 ou 63 ans (sous réserve d’avoir validé un nombre suffisant de trimestres).

De plus, certains critères liés à la pénibilité du travail sont renforcés afin de permettre un départ anticipé pour les travailleurs exposés à des conditions de travail difficiles. Des points pourront aussi financer une formation, ou un passage à temps partiel en cas de pénibilité au travail via le Compte Professionnel de Prévention (C2P).

Enfin, les travailleurs handicapés pourront partir à la retraite à 55 ans, et ceux avec une incapacité permanente d'au moins 20 % pourront percevoir leur retraite dès 60 ans.

Les changements liés aux régimes spéciaux

Le départ à la retraite des fonctionnaires

Suite à la réforme des retraites, un décret officiel transpose les règles de départ à la retraite des fonctionnaires. L’âge légal de départ à la retraite des agents de la fonction publique et agents contractuels passe progressivement à 64 ans.

De plus, la durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein s’aligne aussi sur le régime général avec 43 ans de cotisation dès 2027.

Pour les catégories dites "actives" et "super-actives" (policiers, pompiers, aides-soignants, surveillants pénitentiaires..), l’âge de départ est relevé respectivement de 57 à 59 ans et de 52 à 54 ans.

Par ailleurs, la possibilité de travailler jusqu’à 70 ans est généralisée. La retraite progressive, jusqu’ici inexistante dans la fonction publique, est désormais accessible aux agents publics.

Enfin, un fonds de prévention est créé pour lutter contre l’usure professionnelle, particulièrement dans les secteurs hospitalier et médico-social.

Suppression progressive des régimes spéciaux

La réforme prévoit également la suppression progressive des régimes spéciaux de retraite pour certains secteurs, afin qu’ils soient orientés vers le régime général.

Concrètement, les nouveaux embauchés des entreprises et institutions concernées (comme la RATP, les industries électriques et gazières, la Banque de France ou encore les clercs et employés de notaire), ne pourront plus bénéficier de ces régimes spécifiques.

Pour les salariés déjà en poste, les règles actuelles continuent de s’appliquer, mais à terme, ces régimes particuliers disparaîtront.

L’amélioration des conditions de retraite

La revalorisation des petites retraites

Un autre objectif clé de la réforme des retraites de 2023 était d’améliorer les conditions de vie des retraités grâce à la revalorisation du minimum contributif.

Cette augmentation permet aux personnes ayant effectué une carrière complète de percevoir une pension minimale de 1 200 euros brut par mois.

Toutefois, pour les carrières incomplètes, la revalorisation reste partielle et proportionnelle au nombre de trimestres validé.

L’assouplissement du cumul emploi-retraite et de la retraite progressive

Afin d’inciter les retraités à poursuivre une activité, la réforme change les conditions pour bénéficier du cumul emploi-retraite et de la retraite progressive.

Désormais, les retraités peuvent acquérir de nouveaux droits à une seconde pension en reprenant une activité professionnelle après avoir liquidé leurs pensions de base (sous réserve d’un délai de carence de 6 mois s’ils retournent chez leur ancien employeur).

Par ailleurs, la retraite progressive a été élargie : elle permet aux salariés de réduire leur temps de travail entre 40 % et 80 % d’un temps complet, tout en percevant une partie de leur retraite (à condition d’avoir 150 trimestres cotisés et d’avoir atteint l’âge légal minoré de 2 ans).

Enfin, le dispositif de retraite progressive est étendu aux fonctionnaires et aux travailleurs indépendants.

La mise en place d'une surcote parentale

Depuis la réforme des retraites, les parents pourront bénéficier d’une surcote de +1,25 % par trimestre supplémentaire travaillé entre 63 et 64 ans, dans la limite de 5 % maximum (soit 4 trimestres).

Pour y prétendre, le parent doit cumuler les conditions suivantes :

  • Avoir une carrière complète à 63 ans ;
  • Avoir atteint la durée d’assurance requise pour le taux plein ;
  • justifier d’au moins un trimestre de majoration de durée d’assurance pour enfant.

De plus, un minimum de deux trimestres de majoration est garanti pour l’éducation ou l’adoption d’un enfant qui peut être partagée entre les parents.